Des logements
pour tout le monde !
La gestion actuelle du sans-abrisme est pensée autour de l’urgence : une aide ponctuelle est proposée (l’hébergement d’urgence), mais elle ne permet pas de mettre un terme au sans-abrisme. Pour ce faire, 43m² demande la mise en place d’un programme politique et social basé sur le logement, tel que le « Housing First ». Le « Housing First » ou « logement d’abord » est une approche qui propose d’offrir aux sans-abris un logement inconditionnel et permanent le plus rapidement possible.
D’autres pistes sont également envisagées autour de la question du mal logement : davantage de logements abordables, le recensement et la réglementation des bâtiments vacants, ou encore des politiques étatiques interventionnistes sur le marché de l’immobilier.
Une situation pensée autour de l’urgence
Actuellement, la situation est pensée en termes d’urgence et le sans-abrisme comme un problème de courte durée (Martin et al., 2021).
Les structures sont conçues pour endurer la rue plutôt que pour y échapper (Brunetaux, 2006), donc pour un accueil temporaire. Elles ne constituent pas de réelles solutions au sans-abrisme : elles ne sont qu’une « béquille » (Rouff-Fiorenzi, 2020).
Dans les faits, les personnes sans-abris demeurent très longtemps [1] dans des structures temporaires : l’urgence devient la norme (Achard, 2016).
Les individus dépendent d’un système qui ne leur permet pas d’envisager une réinsertion en vue du manque de moyens (Bertho & al, 2021). Mais ce que demandent les personnes sans-abris, c’est « une durée d’accueil qui soit suffisamment longue, suffisante pour se ressaisir et remplir leur temps par d’autres activités que celles de la survie » (Gardella, 2014, p.)
D’autres politiques sont possibles : des logements avant tout !
Il faut alors penser d’autres modèles que l’urgence car la vie entre hébergements d’urgence et rue est indigne.
Elle épuise, expose à toutes sortes de dangers, interdit de trouver un emploi fixe et de scolariser ses enfants.
Le logement d’urgence, tout nécessaire qu’il soit, n’est pas à terme une solution. Ce constat a émergé lui aussi durant la Table ronde de Septembre 2022 :
« On observe également une tendance croissante à remplacer le modèle dit de ‘‘l’escalier’’, qui fait franchir aux personnes sans-abri toute une série d’étapes de prise en charge menant progressivement à une existence indépendante, par des approches ‘‘basées sur le logement’’ (‘‘logement d’abord’’ ou Housing First) qui consistent essentiellement à aider les personnes à retrouver un logement pérenne le plus rapidement possible et à l’assortir d’un dispositif d’accompagnement approprié dans et à partir du logement, au-delà de l’urgence » (Bertho et al., 2022, p.13). Contrairement aux approches classiques, le Housing First cherche à faire emménager les sans-abris dans des logements permanents aussi rapidement que possible, partant du principe que le logement constitue un droit fondamental pour tous·tes et qu’il ne devrait pas être « gagné » ou « mérité » par la personne qui en a besoin en modifiant son comportement et en conquérant sa propre « sortie par le haut ». Le jury de la Conférence de consensus sur le sans-abrisme dirigée par la FEANTSA (2010) avait recommandé de passer de l’utilisation de refuges et d’hébergements de transition en tant que solution principale au sans-abrisme à des approches axées sur le logement ». Des exemples de Housing First dans le canton de Vaud :
- La maison des Lionnes : première structure vaudoise réservée exclusivement aux femmes en situation de précarité. Elle propose des chambres individuelles ‘de transition’ et un accompagnement social.
- Le projet du Simplon (2019-2021) : un hébergement provisoire proposé par le Sleep-in et l’ALJF dans un bâtiment voué à la démolition. Voir le rapport de recherche de Martin et al. (2021) qui montre les apports d’un projet comme celui-ci.
Les politiques publiques et le marché du logement
Le collectif 43m² lutte pour que tout le monde ait droit à un logement, sans conditions. Cette perspective implique de considérer la problématique, non pas seulement du sans-abrisme, mais aussi du mal logement, des logements chers, ainsi que des discriminations dans l’accès au logement.
Dans une des premières grandes études sur le sans-abrisme en Suisse, on peut lire les lignes suivantes : Les départements fédéraux du logement et de la sécurité sociale reconnaissent non seulement un manque de logements abordables, mais aussi un problème d'accès, décrit comme suit :
« L'accès est généralement difficile pour les personnes qui ont de mauvaises références en raison d'un recouvrement de dettes, d'un manque de discipline de paiement ou de conflits lors de locations précédentes, quelle que soit la situation du marché du logement locatif. Il en va de même pour les allocataires sociaux et/ou les migrants qui, en raison de leur nom ou de la couleur de leur peau, subissent une discrimination implicite ou explicite, même sur les marchés du logement les plus détendus. » (Drilling et al., 2020)
Le sans-abrisme découle aussi des politiques publiques qui soutiennent la spéculation et le logement cher : « La spéculation sur les immeubles et les terrains à bâtir ainsi que les rendements stratosphériques dont bénéficient les investisseurs immobiliers sont sans conteste les principaux facteurs de renchérissement du logement » (Asloca, 2023).
« Est-il juste de réserver la possibilité d’habiter de façon continue, dont le logement est la forme historique actuellement dominante, à la sphère du marché, et plus globalement, de l’argent ?
Le concept de ‘démarchandisation’ est alors utile, évaluant le ‘degré auquel les individus, ou les familles, peuvent maintenir un niveau de vie socialement acceptable en dehors d’une participation au marché’ » (Gardella, 2016).
Prendre en considération le marché immobilier dans la lutte contre le sans-abrisme
Dans une moindre mesure, s’attaquer au secteur immobilier a été une piste envisagées à la table ronde : « Plusieurs leviers ont été évoqués pour lutter contre la pénurie de logement, tels que l’inclusion des acteurs et actrices du secteur immobilier (propriétaires privés, gérances immobilières, etc.) dans les réflexions en matière de politique sociale du logement (par l’adoption d’un « franc précarité » à l’instar du pour-cent culturel, ou d’un label permettant de distinguer les régies contribuant à la politique de lutte contre le sans-abrisme), le recensement et la réglementation des bâtiments vacants (objets publics et privés), ou encore le développement des prêts-à-usage.
Un autre levier consiste à mobiliser, comme le fait la Ville de Vevey, des instruments légaux à disposition tels que la Loi sur la Préservation et la Promotion du Parc Locatif (L3PL), afin de lutter contre la pénurie de logements et permettre à des familles ou des personnes (en particulier les jeunes et les personnes âgées) de se loger à des prix abordables » (Bertho et al., 2022, p. 22).
[1] « La majorité des répondant·es qui n’ont pas de domicile fixe privé sont dans cette situation depuis 1 à 6 mois (37.7%). Un cinquième indique vivre dans cette situation depuis 1 à 5 ans (21.1%) ou depuis plus de 5 ans (21.1%). Près de 15% des répondant·es indiquent ne pas avoir de domicile fixe privé depuis moins d’un mois (14.9%) et 5.3% depuis 7 à 11 mois. Relevons, par ailleurs, que 7.9% des répondant·es ne considèrent pas être sans domicile fixe privé et 1.6% n’ont pas voulu répondre à cette question. » (Unisanté, 2022, p.25)
Lire la brochure (soon...)
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Pour davantage de places dans les hébergements d’urgence !
43m² milite pour l’extension du dispositif d’hébergements d’urgence vaudois. L’aide aux sans-abris est aujourd’hui pensée
comme une “politique de la pénurie” : les politiques décident
intentionnellement de ne pas ouvrir assez de places dans les hébergements
d’urgence. Cette gestion se fonde sur l’argument de « l’appel
d’air », une hypothèse réactionnaire et déconnectée des analyses
scientifiques, selon laquelle plus il y a de places dans les hébergements
d’urgences, plus il y aurait de sans-abris. Le collectif 43m² milite pour un
changement de cap dans la prise en charge du sans-abrisme et pour l’ouverture
de nouveaux hébergements.
Pour des hébergements d’urgence ouvert à tous.tes !
Il n’y a pas assez de
places dans les hébergements d’urgence. Comment savoir qui peut prétendre à un
lit ?
Avec des systèmes de catégorisation et de priorisation.
Ces
priorisations se basent aujourd’hui sur des critères absurdes comme le statut
administratif des personnes (leur statut de séjour et leur lieu de domicile). Le collectif 43m² lutte pour l’arrêt de ces
priorisations qui reflètent, dans la pratique, une forme de racisme
structurel : dans les faits ce sont globalement des personnes étrangères
et racisées qui sont obligées de dormir dehors.
Pour une décriminalisation du sans-abrisme et la fin de la répression !
43m² revendique l’abrogation de toutes les lois (ou autres
normes ayant force de loi) visant même indirectement à criminaliser les
personnes sans-abri et leurs pratiques de survie.
Alors
même que les places en hébergement d’urgence sont insuffisantes et que les
personnes sans-abri n’ont d'autre lieu que l’espace public où dormir et vivre,
la criminalisation et la pénalisation de leurs pratiques de survie (amende pour
dormir dehors, interdiction de la mendicité, etc.) constituent des moyens
privilégiés pour leur mise à l’écart.
43m² lutte pour l’abrogation des lois interdisant les personnes sans-abri de dormir
dehors et pour la fin de tout type de harcèlement policier visant leur mise à
l’écart.
Des logements pour tout le monde !
43m² milite pour que le logement
soit considéré comme un droit fondamental et inconditionnel.
La gestion actuelle
du sans-abrisme est pensée autour de l’urgence : une aide ponctuelle est
proposée (l’hébergement d’urgence), mais elle ne permet pas de mettre un terme
au sans-abrisme. Pour ce faire, 43m² demande la mise en place d’un programme
politique et social basé sur le logement, tel que le « Housing First ».
Le « Housing First » ou « logement d’abord » est une
approche qui propose d’offrir aux sans-abris un logement inconditionnel et
permanent le plus rapidement possible. D’autres pistes sont également
envisagées autour de la question du mal logement : davantage de logements
abordables, le recensement et la réglementation des
bâtiments vacants, ou encore des politiques étatiques interventionnistes sur le
marché de l’immobilier.
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